La place du Metaverse dans la fonction RH

Metaverse, NFT, Web3, décentralisation, ou encore IA et Deep Learning, nombreux sont les termes qui ont bousculé l’actualité ces deux dernières années et qui ont su déchainer passionnés, sceptiques, opportunistes et inquiets. Derrière ces termes, des technologies souvent mal comprises par le grand public, suscitant peurs et confusions. A entendre les discussions au travail, à la télévision ou sur les réseaux sociaux, cette nouvelle vague va TOUT changer. Nous essaierons aujourd’hui de réfléchir à tête froide aux changements que nous observerons probablement dans notre monde, celui des RH. Plus particulièrement, nous nous intéresserons au « Metaverse » qui a tant fait parler de lui l’année passée. Va-t-on vraiment voir des changements dans l’univers RH ? Quels en seront leur nature ? Et surtout, pour quand est-ce prévu ? deux ans ? cinq ? cinquante ?

Rien de nouveau ?

Commençons par définir le Metaverse. Selon 01net, le Metaverse est « un univers virtuel en 3D dans lequel les utilisateurs peuvent interagir et explorer en temps réel grâce à des dispositifs de réalité virtuelle ou augmentée. », ou encore « un réseau social qui imite la réalité physique et offre une expérience immersive à ses utilisateurs, sans qu’ils aient besoin de quitter le confort de leur canapé. », « le point de rencontre entre le monde physique et le monde virtuel ». Cette définition, ou plutôt ces définitions nous conviennent parfaitement, car elles permettent de faire ressortir un point clé. Contrairement aux NFTs ou à l’IA, le Metaverse n’a pas vraiment de définition, son concept n’est pas tangible et « fini ». Il est important de comprendre cela, car c’est un des premiers indices montrant que tout le bruit autour de cet « univers virtuel » part de quelque chose que l’on ne sait même pas encore visualiser clairement.

Facebook devient Meta

C’est en effet le groupe Facebook qui, en se renommant « Meta » et en présentant son projet, a embrasé le sujet. Le grand public a vite eu l’impression qu’un bouleversement était imminent. Dans les faits, le Metaverse n’est pas quelque chose de vraiment nouveau. De plus, les « gros changement » prévus, sont en fait en grande partie déjà arrivés depuis des années. Reprenons la définition, le Metaverse permet d’interagir avec les autres, de créer, de discuter, tout en restant chez soi. Cela ne vous rappelle rien ? Et oui, cet univers virtuel n’est, dans un sens, qu’une maigre évolution de ce qu’est déjà Internet. Et les bouleversements qui ont suivi son apparition sont déjà passés. Par ailleurs, cette « évolution d’Internet », prenant place dans des univers en 3D existe aussi depuis des années. Fortnite, Minecraft, WoW, VRChat, de nombreux jeux-vidéos, certains ayant presque 20 ans, correspondent à la définition de ce qu’est un Metaverse. Alors pourquoi un tel embrasement ?

Metaverse : un pétard mouillé ?

Le fait est que dans l’imaginaire collectif, cet univers serait global, universel, et toucherait tous les domaines, comme l’est Internet, plutôt que de n’être « qu’un jeux-vidéo ». C’est ce postulat qui suscite tant de réaction. Cependant, clarifions tout de suite un point important : il est très peu probable que nous puissions voir un jour un Metaverse. Il y aura des Metaverse. En effet, de la même manière qu’il existe des réseaux sociaux, des jeux-vidéos, des plateformes d’échanges, des services d’appels, il est presque impensable qu’une seule entreprise réussisse à monopoliser le concept d’univers virtuel et à avoir entièrement la main mise dessus.

Metaverse ou non, il existe des législations. Comme pour les réseaux sociaux ou pour tout autre service, les lois empêchent les monopoles, régulent et modèrent, interdisent, et diffèrent selon chaque pays. Voilà un premier point à prendre en compte avant de spéculer et de s’inquiéter. Le changement de nom du groupe Facebook n’indique pas l’arrivée imminente du « Metaverse ». Ce dernier montre juste une entreprise essayant de prendre les devants sur un marché futur dans lequel elle sera probablement un acteur principal. Et il est par ailleurs important de parler de « marché futur ». Car même si de nombreux « Metaverse » existent déjà, le jour où nous arriveront à l’image vendue est assez lointain.

Le Metaverse à 20 ans ?

Maintenant que l’on a pu démystifier toutes spéculations autour du Metaverse, parlons de ce que nous concerne. Ou plutôt, parlons de ce qui nous concernera.

En 2003 sortait Second Life, un « jeu vidéo » qui était parfaitement l’idée que l’on se fait du « Metaverse ». « Les utilisateurs peuvent concevoir le contenu de l’univers en ligne : vêtements, bâtiments, objets, animations et sons, etc., ainsi qu’acquérir des parcelles de terrain dont ils obtiennent la jouissance en utilisant une monnaie virtuelle ». Tout ressemblait à ce que l’on imagine du Metaverse. Les gens incarnaient une identité virtuelle, interagissaient entre eux, y retrouvaient des connaissances. De plus, la liaison entre ce monde et le vrai était totalement présente. Des gens devenaient investisseurs immobiliers dans ce jeu (achetaient et revendaient des parcelles avec de l’argent réel et gagnaient leur vie), des marques et des partis politiques louaient des bâtiments et employait des gens pour assurer une présence et une représentation dans les enseignes (si si !), des gens lançaient leur entreprise et proposaient différents services (création et vente de vêtement, d’objets, etc…), en somme il s’agissait vraiment d’un « Metaverse », pas d’un jeu. Et c’est d’ailleurs la crise des subprimes en 2007 qui a affecté les banques internes de Second Life qui ont causé son déclin.

Les vrais changements

Nous avons choisi de parler de Second Life car cet exemple permet d’imaginer ce que les « Metaverse » changeront une fois bien installés dans nos sociétés. Comme dit plus haut, cet univers était un point stratégique de représentation pour les marques et partis politique.

En réalité, rien ne change vraiment de l’Internet qu’on connaît déjà, comme nous l’avons dit plus haut. Les entreprises louent des espaces pour faire leur publicité aux endroits où il y a du trafic. Cela vaut pour une bannière sur internet, comme pour un stand dans un Metaverse. On peut donc imaginer, dans le monde des RH, que des offres d’emplois soient diffusées dans des bâtiments virtuels. Indirectement aussi, le monde du recrutement sera changé, car il faudra bien du monde pour « entretenir » ce Metaverse. De nouveaux postes seront donc créés, et les recruteurs ont alors plein de nouvelles choses à apprendre. Le management, lui aussi, sera à revoir. Le télétravail étant déjà très en vogue, il faut s’attendre à son omniprésence grâce au Metaverse.

Alors, ce metaverse ?

Vous l’aurez vu, ces changements restent « minimes ». D’autres seront observés, mais il est peu probable qu’ils soient particulièrement conséquents. Car comme nous l’avons dit, le sujet du Metaverse est mal compris, et son embrasement est dû à des confusions. Son arrivée est à la fois plutôt lointaine, et n’est que partielle, car les changements qu’elle provoquera ne seront qu’une amplification de ceux d’Internet, qui eux, ont été vraiment bouleversant.

Après toutes ces spéculations sur le long terme, et si on jetait un coup d’œil au présent ?